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Le taxage
gouvernemental
MISE à JOUR
par Mario
Dumont
Deux
employées ont été prises sur le fait. Elles discutaient de ces fameux quotas
secrets imposés aux employés du ministère du Revenu. Je sais que nous sommes
d’une nature bonasse, habitués à sourire en coin en voyant l’appétit du
ministère du Revenu. Les quotas n’ont rien d’amusant. Ils constituent un
scandale de premier ordre.
Les porte-parole du ministère tentent d’introduire des nuances sur la notion de quotas. Les principes en cause sont trop importants pour les nuances. La justice la plus élémentaire exige que les officiers appelés à faire des arbitrages ne se retrouvent pas en conflit d’intérêts. Chaque décision d’un vérificateur du ministère du Revenu constitue un arbitrage.
En fixant
des cibles, en obligeant les agents à ramener des sommes de chaque vérification
et en offrant des bonis de performance associés à des grosses cotisations, le
gouvernement place ses vérificateurs dans une impossible position. Nos élus
placent la récolte d’argent devant tout, y compris les principes de justice.
Tous des fraudeurs
Le message
envoyé aux gens qui payent honnêtement leurs impôts est tout simplement
horrible. L’employé qui débarque vérifier vos livres a été entraîné à penser
que tous les citoyens sont malhonnêtes. Si une PME, un contribuable ou un
travailleur autonome a tout fait dans les règles, les vérificateurs seront
forcés de trouver quelque chose quand même!
Cette
pratique déconsidère le concept de lutte à l’évasion fiscale. Dans leurs beaux
discours, les ministres des Finances de tous les partis ont annoncé l’embauche
de vérificateurs supplémentaires. Le but annoncé consiste à s’assurer que
chacun paye «son dû». Or si les employés du ministère sont forcés de générer
des cotisations, le contribuable ne paye plus nécessairement «son dû». Il paye
pour le quota imposé à l’autre.
Ces efforts
de lutte à l’évasion fiscale nous sont toujours présentés comme ayant une
valeur inestimable de justice sociale. Comme si l’on débarquait dans les
paradis fiscaux pour débusquer les millions que des pachas ont sortis du pays à
l’abri de l’impôt. L’opération apparaît un peu moins glorieuse quand on pense
que des plombiers, des boulangers et des propriétaires de dépanneurs vont se
faire plumer par des agents otages d’un quota.
Les petits sont ciblés
Les petits
entrepreneurs seront toujours les premières victimes de ce genre de politiques
de gouvernements affamés. Des vérificateurs jusqu’au ministre des Finances
lui-même, tous savent que l’argent rentre bien plus facilement chez les petits
joueurs.
Si vous
cotisez une grande entreprise après vérification, celle-ci bénéficie d’un plein
département de comptables, d’avocats et de fiscalistes. Ceux-ci vont donner au
gouvernement du fil à retordre avant de signer un chèque. Cela peut prendre des
années.
À l’inverse,
si vous cotisez une PME, le propriétaire hésitera avant d’embaucher à grands
frais tous les spécialistes pour se lancer dans une bataille judiciaire contre
le gouvernement. La probabilité, c’est qu’il payera et achètera la paix, même
s’il juge qu’il s’agit d’une injustice profonde.
Autrefois,
un gouvernement comportait un ministre du Revenu, qui avait un mandat
spécifique de penser au contribuable. J’en souhaite le retour. Maintenant,
c’est le ministre des Finances qui agit aussi comme ministre du Revenu. On a
besoin d’argent. Au diable le respect du contribuable.
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